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Si l´origine du nom Mortagne est sujet à différentes hypothèses incertaines (colonie maure pour les uns, « Morte-Aygues » ou « mortes eaux » pour les autres), la présence de l´homme sur le territoire actuel de la commune dès le Néolithique puis aux époques celtique et gallo-romaine est attestée par des fouilles archéologiques menées entre 2001 et 2004. Cette occupation avait pour cadre l´un des promontoires rocheux qui avancent vers l´estuaire, autrefois battus par les flots, à l´ouest du bourg actuel. La tradition et la toponymie en ont gardé le souvenir sous le nom de « Vil Mortagne » ou « Vieille Mortagne ». Ce site, d´une superficie de quinze hectares, fut occupé à partir du 6e siècle avant notre ère. Il a livré des traces de fossés défensifs, du mobilier en silex, des outils en rapport avec le travail du métal, quelques objets métalliques (serpette à vigne, fragment de passoire, fibules), et des amphores utilisées pour le transport du vin. La majorité du mobilier mis au jour date de la Tène finale (à partir de 150 av. J.-C.).
Ces découvertes traduisent l´existence d´un site d´importance, bien protégé au sommet de son éperon d´où l´on pouvait contrôler l´activité sur l´estuaire. Le site était constitué d´un habitat rural avec une activité artisanale de métallurgie, la pratique de la pêche et de l´élevage, la culture des céréales et de la vigne. Situé au carrefour d´un axe fluvio-maritime reliant la Méditerranée et l´Atlantique, et de voies terrestres importantes joignant de grands centres comme Bordeaux, Pons, Barzan et Saintes, Vil Mortagne entretenait des relations commerciales importantes avec le monde méditerranéen, en participant au contrôle de la partie nord de l´estuaire. Son occupation s´est poursuivie jusqu´au 1er siècle apr. J.-C., voire au début du 2e, peut-être sous la forme réduite d´une simple villa.
Des fragments de construction d´époque romaine (moellons, tuiles, marbre, enduits peints, mortier) ainsi que des pièces de monnaie de la même période ont été mis au jour. De « vieilles caves effondrées et d´anciens fours de briques », restes supposés d´une villa, ont été indiqués au 19e siècle à l´ouest de l´éperon de Vil Mortagne. Outre ce site, un éperon barré du néolithique est également mentionné à la Combe de Jau, ainsi que des traces d´occupation romaine au Pampin et au Porteau (habitat et enceinte circulaire)
Après l´extinction de ces sites d´occupation antique, la légende se substitue à l´histoire. Elle met en scène saint Ausone, né à Mortagne, premier évêque d´Angoulême et disciple de saint Martial. Celui-ci aurait fondé au 2e siècle, à flanc de falaises, l´ermitage qui lui est dédié encore de nos jours, fondation que d´autres attribuent à des moines, au 4e siècle. Autour de l´an Mil, l´histoire de Mortagne se tisse autour de deux sites : le bourg et le château. Le premier se développe autour de l´église et du cimetière qui s´étend vers l´ouest (des prospections archéologiques ont été menées sur la place en 2003, mettant au jour des ossements humains et des fosses et sépultures du Moyen Âge). L´église est liée à un prieuré, voué à saint Etienne, rattaché à l´ordre de saint Augustin et fondé, semble-t-il, en 1113. Jusqu´à la Révolution, ce prieuré (dont le siège se trouvait au presbytère pour les uns, à l´actuel 13 rue Gambetta pour les autres) étend son autorité sur de nombreuses paroisses des environs.
Quant au château de Mortagne, il fait partie de la ligne de fortifications établie à partir du 11e siècle, avec Montguyon, Montlieu, Montendre et Mirambeau, pour délimiter la frontière entre le Bordelais et la Saintonge. Situé sur un éperon rocheux au sud-ouest du bourg, il assure le contrôle de cette partie de l´estuaire dont les vagues viennent encore frapper les falaises. Premier seigneur de Mortagne mentionné, Gilbert de Mortagne assiste en 1047 à l´acte de fondation de l´abbaye Notre-Dame de Saintes. En 1060, Arnaud de Mortagne et son frère Pierre de Didonne fondent l´abbaye Saint-Etienne de Vaux. Au début du 12e siècle, Almodis, dame de Mortagne, épouse Geoffroy, sire de Pons, et lui apporte la terre de Mortagne. Celle-ci est attribuée aux 12e et 13e siècles à des cadets ou branches cadettes de la Maison de Pons.
Au pied du château, et aux portes d´un des chenaux de la rive droite de l´estuaire, un port commence à se développer. Il est mentionné aux 11e et 12e siècles lorsque Beranger, comte de Gascogne, puis Aliénor d´Aquitaine octroient une exemption du « droit de tolle » (une taxe sur les marchandises) aux navires commerçant entre Mortagne et Langon.
Cette exemption est renouvelée par une bulle pontificale en 1181, puis confirmée par Jean Sans Terre aux archevêques de Bordeaux au début du 13e siècle. De part et d´autre du port, les rives de l´estuaire s´envasent de plus en plus. À ces vases succèdent progressivement des marécages, puis des marais dans lesquels les habitants des environs pratiquent sans doute déjà la chasse, la pêche et l´élevage.
Pendant la guerre de Cent ans, Mortagne et son château subissent de nombreux et douloureux sièges. Entre 1346 et 1407, l´occupation anglaise empêche les seigneurs de Mortagne de bénéficier de leur bien. À la tête de dix-sept forteresses en Saintonge, ils n´en affirment pas moins leur puissance. En 1374, Mortagne repasse provisoirement entre les mains du roi de France. À cette occasion, il est fait mention d´un autre prieuré, le prieuré Notre-Dame (situé vers le stade actuel et les maisons entre la rue Notre-Dame et la Grande Rue). L´existence d´un troisième prieuré, voué à sainte Catherine, est par ailleurs indiquée au nord du bourg (vers le 2 rue du Poirier-d´Hiver). En 1377-1378, Mortagne subit un nouveau siège, mené pour le roi de France par Owen ou Yvain de Galles, dont l´assassinat est relaté par les chroniques de Froissart.
Lorsque les Anglais sont chassés du lieu, en 1407, Mortagne est érigée en principauté au profit de François de Montbron, son seigneur, époux de Louise de Clermont. À la suite de trahisons et de confiscations, la principauté se retrouve revendiquée à la fois par les Montbron et par la famille de Coëtivy. En 1486, la part de ces derniers est incorporée au comté de Taillebourg. Elle passe ensuite aux La Trémoille, qui vendent leurs droits vers 1554 à Jacques de Matignon, seigneur de Lesparre, gouverneur de Guyenne et de Bordeaux, fait maréchal de France par Henri III. Vers 1590, le maréchal de Matignon achète l´autre part de la principauté aux héritiers Montbron.
Entre temps, bénéficiant de la fin du conflit franco-anglais, Mortagne recommence à se développer sur le plan économique et commercial. C´est au roi Louis XI que l´on devrait la fondation des grandes foires de la Saint-Fiacre, organisées chaque année à la fin de l´été. Au 16e siècle, Mortagne fait partie des ports de la rive droite de l´estuaire sur lesquels s´appuie la reprise économique et commerciale de la région, d´une part pour le cabotage entre La Rochelle, Bordeaux et Libourne ; d´autre part pour les départs des pêcheurs vers Terre-Neuve. Profitant de l´essor de la fin du 15e siècle et du début du 16e, les habitants de Mortagne et des paroisses voisines obtiennent l´extension de leurs droits d´usage. Le 14 mars 1457, ils s´entendent avec l´abbaye de Notre-Dame de Madion (située à Virollet) et avec le prince de Mortagne pour pouvoir exercer un droit de pacage dans les bois de Bois- Rigaud qui s´étendent sur les paroisses d´Épargnes, Chenac, Mortagne, Boutenac, Brie et Floirac.
Ce droit, auquel s´ajoute celui de couper du bois, est confirmé en 1521 par le parlement de Bordeaux. Victime des besoins en bois liés au développement économique, une grande partie du Bois Rigaud disparaît rapidement et fait place dès le milieu du 16e siècle à une lande (toujours présente au nord de Brie et de Floirac ; reconquise par la forêt, sous le nom de landes de Madion, à Chenac). Les habitants de Mortagne et des paroisses voisines exercent leurs droit d´usage sur cette lande et sur ce qui reste du bois, autrement appelé forêt de Valleret, jusqu´à la Révolution.
L´essor agricole et commercial de Mortagne aux 15e et 16e siècles est arrêté, comme partout en France et en Saintonge, par les guerres de Religion. Les tensions sont d´autant plus grandes que Mortagne compte dès 1562 une importante communauté protestante. Le siège victorieusement mené en 1580 par les huguenots entraîne la ruine du château, de l´église et des prieurés. En 1605, Charles de Matignon, maréchal de France comme son père, lieutenant général de la province de Normandie, vend la principauté de Mortagne à Henri-Auguste, comte de Loménie. À sa mort, en 1638, le cardinal de Richelieu, qui souhaite accroître son influence en Saintonge, achète Mortagne avec Didonne, Cozes et Saujon. En 1665, Anne Marie Louise d´Orléans, dite la Grande Mademoiselle, créancière de la succession du cardinal de Richelieu, fait vendre aux enchères la principauté de Mortagne. Elle est adjugée pour 310.000 livres à César Phébus d´Albret, prince de Pons, gouverneur de Guyenne, maréchal de France. Sa fille, Marie d´Albret apporte Mortagne à son second mari, Charles de Lorraine, comte de Marsan. Veuf, celui-ci conserve la principauté et se remarie en 1696 avec Catherine Thérèse de Matignon, descendante des anciens princes de Mortagne.
Au cours du 17e siècle, Mortagne se reconstruit peu à peu. L´église se relève de ses cendres, le port retrouve son activité, malgré l´envasement des marais de part et d´autre, et grâce à l´existence d´un chenal qui le relie à l´estuaire. Des constructions s´implantent sur la rive droite du port, comme le montre le plan des lieux établi par l´ingénieur Claude Masse vers 1700. Dans le bourg, une élite sociale et administrative se constitue autour de l´exercice des offices liés à la principauté (juges, sénéchaux, notaires, sergents, huissiers…), en plus de marchands de plus en plus nombreux, en lien avec le port. Cette élite comprend bon nombre de protestants, réduits au silence après la destruction du temple de Chez-Bonneau en 1681.
La situation économique favorable de Mortagne se poursuit au 18e siècle et s´amplifie même à mesure que le port prend de l´ampleur. Il constitue en effet un des principaux débouchés pour l´eau-de-vie de Saintonge, notamment, expédiée vers Bordeaux et Libourne. De plus en plus d´entrepôts et de chais s´installent sur la rive droite du port. Au total, Mortagne compte 415 feux en 1789 (soit environ 1600 habitants), contre 308 un siècle plus tôt.
L´activité portuaire attire des professions différentes, installées sur le port et dans le bourg. D´après l´analyse des registres paroissiaux, la population de Mortagne compte au 18e siècle non seulement les officiers seigneuriaux et marchands déjà mentionnés, mais aussi des pilotes et maîtres pilotes, des mariniers et capitaines de navires, des maîtres de barques, de nombreux artisans (tisserands, charpentiers, menuisiers, forgerons, maréchaux-ferrants, cordonniers, maçons, cordiers, tailleurs de pierre…), des aubergistes, des cabaretiers, etc.
La meunerie qui se développe sur les hauteurs fait vivre plusieurs familles. Vignerons, laboureurs, journaliers, bouviers exploitent la terre de l´arrière-pays.
Cette physionomie socio-économique change peu avec la Révolution. Les événements révolutionnaires entravent toutefois l´activité commerciale, et l´évolution démographique de Mortagne s´en ressent : en 1806, on ne comptera plus que 1207 habitants. Lorsque la Révolution éclate, Mortagne appartient à Charles Eugène de Lorraine, prince de Lambesc. Les biens dépendant de la principauté sont saisis à son encontre et vendus comme biens nationaux. En 1793, le conseil municipal demande le partage du communal de la lande de Bois-Rigaud, ce qui est fait en 1798. Le prince de Lambesc récupère cependant une partie de ses biens, notamment la forêt de Valleret, après 1815. Malgré tout, la véritable autorité est désormais détenue par l´ancienne élite administrative et économique, celle des propriétaires, marchands et négociants d´avant la Révolution, acquéreurs pour certains de biens nationaux. Les Boudin, Bon, Gorry, Gaborit, Cormier et autres se partagent les fonctions et les propriétés dans la première moitié du 19e siècle. De nouveaux noms s´y ajoutent après avoir fait fortune, par exemple les Dumas sur le port ou les Mauny dans le bourg.
À partir des années 1830-1840, le port de la Rive remplit plus que jamais un rôle de premier plan pour l´expansion économique de Mortagne. Mise en oeuvre dans le cadre d´un plan plus large d´aménagement des ports de l´estuaire, la modernisation du port de Mortagne comprend la création d´un bassin de retenue et de chasse (courants artificiels produits dans les ports pour dégager le chenal des sables apportés par les marées), d´une porte éclusière, d´un avant-port et d´un débarcadère pour bateaux à vapeur. Si les travaux s´échelonnent durant tout le 19e siècle, l´essentiel est achevé dans les années 1870. En 1865, une nouvelle route (la route de l´estuaire) est construite pour relier le port et le bourg. L´implantation de deux minoteries sur la rive droite du port, d´un centre de ravitaillement pour torpilleurs de la Marine nationale, d´une cimenterie à proximité, à la Gravelle, et enfin l´élargissement du bassin dans les premières années du 20e siècle, font du port de Mortagne l´un des premiers de l´estuaire de la Gironde et du département de Charente-Inférieure.
Cette prospérité rejaillit sur l´ensemble de la commune. Dans les années 1850-1870, les hameaux de l´arrière-pays s´orientent assez massivement vers la viticulture, comme toute la Saintonge, d´où la présence aujourd´hui d´anciens chais, aux dimensions modestes, à proximité des anciens logis de fermes. Ces exploitations, petites et moyennes, profitent de la proximité du port pour expédier le produit de leurs vignes. L´enrichissement général de la commune entraîne la construction ou la reconstruction de nombreux logis de fermes et maisons.
En revanche, il ne se traduit pas toujours positivement du point de vue démographique. Certes, le nombre d´habitants passe de 1411 en 1826 à 1683 en 1851 mais la courbe reste ensuite très irrégulière.
Elle augmente de nouveau au début du 20e siècle, culminant à 1987 habitants en 1911. Cette évolution est très différente entre le bourg, la Rive et les hameaux. La Rive, où journaliers, marins, marchands, employés de l´administration et cabaretiers se côtoient, voit sa population augmenter de manière presque constante, grâce à l´expansion du port (l´augmentation est de 12 % entre 1851 et 1866). Le bourg reste attractif en raison de la concentration des services et surtout des commerces et de l´artisanat.
L´évolution des hameaux est plus variable d´un lieu-dit à l´autre, avec un net déclin du quartier des Moulins, presque tous les moulins disparaissant face à la concurrence des minoteries.
L´activité portuaire permet à Mortagne (devenue Mortagne-sur-Gironde en 1895) de mieux résister que d´autres communes à la crise du phylloxéra, qui ravage le vignoble dans les années 1870-1880. L´économie mortagnaise ne repose pas en effet exclusivement sur la viticulture, contrairement à beaucoup de communes environnantes. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, les belles façades en pierre de taille continuent à embellir la Grande Rue du bourg, bordée de nombreux commerces. La plupart des bâtiments publics (mairie-école, bureau de Poste, gendarmerie, halles…) sont construits ou reconstruits, dans le cadre d´un plan de modernisation de la commune qui accompagne celui du port. Le chemin de fer arrive à Mortagne en 1894. Dès 1886, la municipalité fait installer un système d´éclairage public à huile dans le bourg et à la Rive (l´électrification du bourg et d´une partie des écarts sera engagée en 1927). Un système d´adduction d´eau est mis en place peu avant 1914.
Au début du 20e siècle, derrière l´effervescence de ses quais, et par-delà la grande fête d´inauguration du bassin élargi, en 1911, le port connaît des difficultés de plus en plus importantes à cause, notamment, de l´envasement du banc de Saint-Seurin qui barre le chenal. Dans l´Entre-deux-guerres, le port est frappé par la crise économique. Les minoteries déclinent, la cimenterie de la Gravelle ferme. En 1939, malgré le percement d´un nouveau chenal, Mortagne n´est plus que le cinquième port de Charente-Inférieure. Le nombre d´habitants tombe à 1512 dès 1931. Dans l´arrière-pays, les anciennes exploitations viticoles décimées par le phylloxéra ne misent plus exclusivement sur la vigne et se reconvertissent dans la polyculture. Exploitant l´élevage pratiqué dans les marais, une laiterie est implantée à Fondevine.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mortagne et son port, bien que déclinant, constituent un site stratégique contrôlé par les troupes d´Occupation. Le 7 septembre 1944, après un combat de rues, les FFI chassent les Allemands et installent leur quartier général dans l´ancien château. Trois jours plus tard, en représailles, quatre bateaux allemands viennent bombarder Mortagne, occasionnant surtout des dégâts matériels dans le bourg.
À la Libération, le port de la Rive, autrefois locomotive de la commune, est dans un état calamiteux. De longs et coûteux travaux sont engagés jusque dans les années 1960. L´activité portuaire n´est presque plus tournée vers le commerce. Elle se concentre désormais sur la pêche, en particulier la pêche à l´esturgeon, déjà active avant la guerre. Mais ce secteur d´activité est lui-même arrêté net lorsque la capture de l´esturgeon est interdite à la fin des années 1970, en raison de l´épuisement de la ressource. Dans l´arrière-pays, le vignoble se reconstitue peu à peu sur l´espace compris entre le bourg et les hameaux. La viticulture moderne se concentre dans les mains d´une poignée d´exploitants.
Au pied des coteaux, de part et d´autre du port, les marais, jusqu´ici laissés à l´élevage, à la pêche et à la chasse, sont aussi l´objet de nouvelles attentions. Ici, contrairement aux marais situés plus au sud (vers Cônac), aucun aménagement ni dessèchement n´a en effet été réalisé au cours des siècles précédents. Seul un drainage naturel est effectué par la rivière de Fondevine qui aboutit encore directement à l´estuaire en limite sud de la commune, et dont un bras canalisé va alimenter le port de la Rive.
En 1963, un particulier, Paul Richaud, ingénieur de formation, entreprend d´endiguer les marais vaseux les plus proches de l´estuaire, après s´être formé aux techniques mises en œuvre aux Pays-Bas. Il obtient en 1967 et 1969 une concession sur le domaine public, géré par le Port autonome de Bordeaux. Avec deux autres exploitants, MM. Beguet et Popin, Richaud parvient à endiguer et à assainir 300 hectares de marais sur les communes de Floirac, Mortagne et Chenac-Saint-Seurin-d´Uzet.
Un système de digues, de fossés, de vannes et de buses à clapet, acheminant l´eau au port de la Rive, est mis en place. Ces travaux suscitent toutefois une vague de contestations et d´incidents parfois violents, qui se termine devant la Justice. En tout état de cause, ces aménagements font entrer les marais dans l´agriculture moderne, avant tout céréalière, et en bouleversent le paysage.
Pendant ce temps, la commune de Mortagne commence à s´orienter vers de nouvelles activités qui permettraient d´exploiter différemment ses ressources et sa position sur les rives de l´estuaire. Cette réorientation est rendue nécessaire par le déclin économique et démographique de la commune. Le nombre d´habitants ne cesse en effet de diminuer : il passe de 1351 en 1946, à 1210 en 1968, et 967 en 1999. La volonté de dynamiser la commune se traduit par la création de lotissements, aux Moulins en 1963, à la Couture, derrière le terrain de sports, en 1970. À mesure que le port est restauré et réaménagé, le potentiel touristique de Mortagne et son cadre de vie suscitent des projets. Un syndicat d´initiative est constitué dès 1956 et, surplombant le port, un camping est ouvert en 1965. Les actions se multiplient à la fin du 20e siècle et dans les années 2000 pour accueillir touristes de passage et résidents secondaires, toujours plus nombreux (en 1999, un logement sur cinq est déclaré en résidence secondaire). Par exemple, le port de plaisance est aménagé en 1992-1993, le syndicat d´initiative est transformé en office du tourisme en 2000, et un Musée de la carte postale est ouvert en 2003. L´attractivité de Mortagne, même saisonnière, permet de stabiliser le nombre d´habitants à un peu plus de 1000 (1030 en 2008).
Parallèlement, Mortagne doit faire face à un autre enjeu, qui certes n´est pas nouveau dans l´histoire de l´estuaire, mais qui se rappelle avec violence à la mémoire de ses riverains : celui du risque de tempête, avec submersion des côtes. Un tel phénomène, déjà vécu par exemple en 1876-1877, se produit le 27 décembre 1999 (une victime est déplorée), en janvier 2009 et de nouveau lors de la tempête Xynthia, le 28 février 2010. Lors de ces deux événements, l´eau submerge les digues, s´engouffre dans le chenal et envahit les constructions du port. En 2011, la digue située au-delà du port à sec est reconstruite et renforcée, notamment vers le nord.
L’ensemble des sources et illustrations sont tirées de l’Inventaire Général du Patrimoine de Mortagne réalisé en 2011 par la région.
Site Internet : Inventaire Mortagne sur Gironde